« L’oubli de la conscience, l’oubli volontaire de la conscience pour jouer à la relation, a des conséquences.

La première conséquence c’est, que en tant que sujet en tant que « je », j’ai oublié que je suis Cela, j’ai oublié ma nature véritable ; J’ai oublié que je suis.. cette part du Tout, j’ai oublié que je suis le tout en tant que cette part, et j’ai oublié que nous sommes un.

Donc je vis une séparation. Donc je vis la séparation.

Dans cette séparation, je vis le manque.

Ce manque de ne pas être le tout. Puisque j’ai oublié que je suis le tout, mais en même temps, « en essence », la matière, la substance de mon corps EST le tout !

Donc, je suis le tout sous une forme de partie…

Donc je suis en permanence comme dit David, je suis (capillarisée) par le tout. Je suis capillarisée de complétude, et en même temps je suis une partie et je me sens incomplet…

Ça va avoir des conséquences.. Comme j’ai oublié que je suis le tout, et comme je me sens incomplet, je peux à un certain moment... poser des actes, qui ne vont pas prendre en compte les besoins de l’autre ;

Parce que j’oublie que la loi de notre humanité c’est : je ne peux pas durablement être heureux si mes besoins ET les besoins d’autrui ne sont pas pris en compte.

Donc à certains moments je vais poser des actions, sans prendre en considération les besoins d’autrui.

Et dans, une société conditionnée, fondée sur cette séparation, quand je vais poser une telle action, l’autre – ayant aussi oublié qu’il est la source en tant que cela, que nous sommes un, etc – n’a plus, les moyens de se souvenir que : j’ai des besoins quand j’ai posé cette action, que je suis en train de faire quelque chose de tragique simplement par « oubli », et donc au lieu d’aller chercher à me faire souvenance de ce lien qui est entre nous ; il va considérer que c’est mal.

Et va apparaître cette notion qui fonde toute notre société contemporaine : cette notion du bien du mal, de fautes. Là où il n’y avait que ce que étymologiquement voulait dire « pécher » en hébreu.

Étymologiquement le mot pécher en hébreu veut dire : rater la cible.

C’est à dire : j’avais l’intention et pif ! j’ai tapé à côté de la cible.

Cette intention c’était : je veux nourrir un de mes besoins.

Et la cible atteinte aurait été que je nourrisse mon besoin en prenant aussi en compte les tiens. Et là manque de bol, j’ai fait un truc qui n’a pas nourri tes besoins. J’ai raté ma cible.

Alors tant qu’il y a cette notion de « bien » ou de « mal », on va avoir une notion de faute ; ça va entraîner des notions de vengeance, ça va entraîner des notions de pardon. Toutes ces notions sont des notions qui sont fondées sur l’oubli, la sensation de séparation, la dynamique du manque et, comme je ne suis plus connecté à ce que je suis, comme je n’ai plus une référence.., une auto-référence, instant après instant sur ce n’est pas bien ou mal… C’est en cet instant : est-ce que ça contribue ou pas à nourrir mes besoins ?, donc je n’ai plus une référence personnelle ; on se met à avoir ces « références externes » !

Et dans ces références externes, à un moment donné, nous externalisons aussi « Dieu ». C’est ce qui s’est passé avec certaines religions. On externalise Dieu. Donc on a besoin d’une re-li-gion, (roligare), pour se relier ; ce que je crois que Dieu est autre chose que ce que je suis ; puisque j’ai oublié que le Père et moi nous ne sommes qu’un, donc Dieu il est on sait pas où, enfin ce n’est pas ce que je suis.. il faut que je me « relie » à Lui ;

Et donc, pour atteindre ce Dieu, il va falloir faire certaines choses, et je vais avoir la croyance que selon ce que je fais je suis plus ou moins proche de Dieu, et surtout je vais avoir la croyance que selon ce que je fais Dieu m’aime ou pas. Et là vont apparaître toutes les notions de paradis, d’enfer, de tout ce qui conditionne notre société ; qui sont les rétributions. On est fondé sur une société qui est fondée sur la rétribution des actes. Donc nous sommes éduqués avec les punitions – si ce que nous faisons ce qui est dicté comme mal, et les récompenses – si nous faisons ce qui est dicté comme bien.

Et dans certaines traditions, qui sont fondées dans certaines religions, qui sont fondées sur « l’oubli ». C’est ce qui est tragique, c’est si nous ne sortons pas de la religion chrétienne en particulier. Elle est fondée sur l’enseignement d’un éveillé !..

D’un éveillé dont les deux enseignements principaux sont « Le Père et moi ne sommes qu’un », donc il vient quelque part « abolir » toute religion ; à la seconde où je découvre le Père et moi ne faisons qu’un : il n’y a plus de religion ! Je n’ai pas besoin de me relier ; pour se relier il faut être deux ;

Il vient abolir l’ancienne alliance. Dans l’ancienne alliance Dieu est lointain ! Il faut faire des sacrifices, il faut s’attirer ses bonnes faveurs, il faut faire des tas de trucs, même si tout cela, est compris de façon externe par l’homme. Parce que, tout ce qu’il y a de noté dans les anciens testaments sont des processus d’éveil également, et ce sont des processus de conscience ;

Moïse est un processus de conscience. Tout les anciens testaments, Job, tout ça, ce sont des processus de conscience qui décrivent le processus d’étapes vers l’éveil.. Ce n’est pas une histoire qui arrive.. de façon historique..

Mais quoi qu’il en soit, si Jésus il a existé - parce que pour moi ça n’a aucune importance qu’il ait existé ou pas, peu importe.. ça décrit un processus de conscience, et, les paroles qui lui sont attribuées en tous cas, qu’il ait existé ou pas, les paroles qui lui sont attribuées sont parmi les paroles les plus éveillées que j’ai pu lire, et auxquelles j’ai pu me relier, en tant qu’éveillée.

Donc il a eu deux enseignements « le Père et moi ne faisons qu’un » et « aimez-vous les uns les autres », agapé. Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé, donc, en agapé. C’est à dire, je suis dans cet amour qui est un amour en action, dont parle Marshall Rosenberg, c’est pas un amour éros, c’est pas un amour pour moi pour nourrir mes besoins, c’est même pas un philos dans lequel je veux goûter le nous, c’est Agapé, c’est mon amour, c’est j’aime t’offrir. Quand je t’offre je suis nourri.

Et de ce double enseignement, la découverte qui fait verticalement le Père et moi ne faisons qu’un, et de cet agapé naît cette religion, dont je ne veux absolument pas fustiger les hommes et les femmes, parce que j’ai connu, moi je suis née là-dedans, dans cette tradition, j’ai travaillé des années dans cette tradition et j’ai rencontré tellement d’êtres magnifiques et merveilleux, et des vivants qui incarnaient tellement cette parole, et qui incarnaient tellement l’enseignement Source de Jésus, et aussi il y a tout le tragique de ce qu’on connaît, la religion bien sûr avec tout ce qu’elle a entraîné de souffrance, comme morts avec l’inquisition, enfin et surtout en terme de, globalement si on prend la pensée, la tradition judéo-chrétienne au niveau occidental, on voit très bien que c’est ce qui contribue à nous faire croire, à renforcer nos croyances.. sur il faut souffrir… parce que Jésus a souffert sur la croix.. etc. enfin y’a une telle incompréhension de tout ce dont il est question.

Et la notion de faute : nous sommes élevés avec ça. La première fois où on a fait une faute, on nous a dit « c’est mal », on nous a dit « c’est pas comme ça », on nous a dit : « ça ne se fait pas ». Toute notre éducation est une éducation externe, c’est à dire, comme je vous le disais hier la différence entre dire à quelqu’un « Ha ! Tu laisses le meilleur dans la pizza », ça c’est une référence externe. Ça veut dire que quelque part il y a un grand livre où il est écrit que le meilleur dans la pizza c’est le bord ! Vous voyez ?

Donc on ne se rend même pas compte quand on parle comme ça. On ne se rend pas compte parce qu’on a été éduqué comme ça, avec des références externes à nous.

Donc la différence qu’il y a entre « vivre dans un monde du jugement dans lequel il y aurait quelque part sans doute un grand livre où il est écrit ce qui est bien et mal » puisqu’on s’y réfère sans cesse, comme des références absolues ! Sans même nous rendre compte que très souvent, nous sommes en train d’écrire le livre ! Puisque ce qu’on est en train de dire à l’autre qu’il soit juste, faux, bien ou mal, c’est MA vision du monde, de ce qui nourrit ou pas mes besoins, et que j’ai érigé en valeur absolue, puisque c’est comme ça qu’on m’a éduqué !

Donc tu laisses vraiment le meilleur de la pizza ! OU, (10’20)(exemples expériences Isabelle)

(15’24) Une fois que je suis devenue empathique je commence le job. Et j’écoute qu’est-ce qu’il y a derrière « tu laisses le meilleur » et il y a beaucoup de choses ; il y a que à la fois, dans un premier temps si je suis ahuri , je suis ahuri puisque je trouve que c’est le meilleur de la pizza, les bords, moi j’aime la pâte dans la pizza, le truc plein ; moi j’aime la pâte (rire) donc je suis ahuri (…) parce que j’ai un besoin de compréhension, je n’arrive pas à comprendre comment on peut laisser ce que moi je trouve le meilleur. Donc je suis ahuri parce que je ne comprends pas...

Et ensuite qu’est-ce qui se passe encore ? Mais, comme je trouve que c’est le meilleur, mon élan de prendre soin de l’autre… je suis comme déçu pour elle, je me dis « oh mais si elle le mangeait… ça serait tellement bon ! » (rires salle) mais sauf que, j’ai un peu oublié que si elle l’a enlevé c’est qu’elle trouve pas que c’est bon ! (Rires salle) ; Mais vous comprenez, d’un seul coup je me rends compte que c’est mon élan de prendre soin en fait. (...)

(18’32)

… c’est pour ça qu’on est là, parce qu’on constate qu’il y a des décalages entre nos postures yogiques et nos croûtes de pizza.

Donc une fois que j’ai fait tout ce travail en moi, je vais essayer de lui dire, en lui disant « écoute, mon intention c’est d’être en lien en fait ». parce qu’on va se rendre compte, qu’à chaque fois qu’un être humain choisit une stratégie pour nourrir ses besoins qui est Très différente des nôtres, on ne se sent plus en lien. Hors ça nous est douloureux puisque, si on reprend toujours si on rembobine à chaque fois… en se souvenant.. « je suis le Tout, je suis un », je suis (en montrant du doigt plusieurs personnes dans la salle) moi, moi, moi moi…je suis tout cela. Mais, je joue à m’oublier, donc, ce qui ressemble le plus à « Je suis un » c’est « nous sommes ensemble », dans le plan de la séparation.

Ce qui ressemble le plus à « Je suis un » c’est la communion. Et, c’est donc notre aspiration la plus profonde. Même si on en a pas conscience. C’est notre aspiration la plus profonde.

Alors maintenant je vous invite à regarder que dans votre vie, à chaque fois que vous n’êtes pas contents de ce que fait un être humain, à chaque fois que vous êtes inconfortable, vous pouvez vous retourner vers vous et découvrir : « j’ai les boules, parce que cet être humain ne me donne pas les moyens de communier avec lui ». Ça va un peu changer l’état d’esprit du moment.

Plutôt que de se dire « Quel con ! ». (...) ceci veut dire que le con est un grand cri d’amour frustré. Parce que c’est ça. Quand on en est à : « Quel con ! » (…) ça veut dire : je suis à ma limite absolue de capacité de pouvoir communier avec cet être. Et j’en veux à cet être de ne pas pouvoir me donner les moyens de communier avec lui.

Et non seulement je lui en veux à cet instant, mais si je dis « Quel con ! » si je lui mets cette magnifique étiquette, c’est que j’en suis au stade où j’ai perdu l’espoir qu’il puisse changer d’une aucune manière qui me permettrait de communier avec lui. (…) Donc c’est mon aveu, c’est mon cri de désespoir, mon aveu de toutes les limites et de toute ma désespérance qu’il puisse y avoir un changement, qui nous permette de communier. Et quand j’en suis là, quand je fais ce constat, que je me dis : « qu’est-ce que je veux maintenant? Est-ce que je veux rester avec cette magnifique étiquette ?, et donc avec à la fois ma limite et ce constat de désespérance, ou est-ce que j’ai envie de communier ? »

Et là je me dis, mais qu’est-ce qui me permettrait de communier, c’est à dire de faire un pas à cette communion ? Je sais que c’est toujours utiliser le processus. C’est à dire regarder quels sont mes besoins pas nourris et essayer d’imaginer – c’est ça qui va vous relier surtout – c’est essayer d’imaginer, de deviner « mais quel besoin cette personne est en train de nourrir, quand elle fait ce truc qui pour moi me démonte ? » « Quels besoins elle peut bien essayer de nourrir ? »

Parce que c’est certain, à chaque instant, tout ce que nous faisons, nous le faisons pour nourrir un de nos besoins. Et nous avons tous les mêmes besoins.

(...)

(…)

La réponse (qu’il va me donner) va me donner Son Besoin… Soit « j’aime pas », tout simplement, « c’est trop », « moi ce que je préfère c’est la garniture, c’est pas la pâte », donc en fait c’est : « je nourris mon besoin de plaisir, au niveau du goût » ; et là très souvent on va se rendre compte : « ah!ah, on a le même besoin en fait ! » ;

C’est à dire que quand je mange la croûte de pizza, je nourris le même besoin que tu nourris quand tu ne manges pas la croûte de pizza.

Et là, si on est là on peut communier.

« ah on a le même besoin », « ah mais ça, mais c’est merveilleux ! Alors tu ne manges pas ça en fait parce que tu manges pas ça ! (rires) c’est à dire tu ne le manges plus parce que t’aimes pas le manger. » « Mais en fait moi je le mange parce que j’aime le manger » ; Mais après coup, on se dit : « mais t’es con ou quoi ; c’était évident ! non ?».

Mais bien sûr qu’après coup c’est évident, quand on s’est mis dans cette optique de « je veux être en lien », mais, ce qu’on ne se rend pas compte c’est que, en permanence nous avons besoin d’empathie ; parce le moment où dans l’instant premier, où l’autre à une stratégie, qui est l’inverse de ma stratégie – pour nourrir mon besoin du moment – je suis alors tellement choquée que je ne peux pas communier, je ne peux pas être en lien ; que j’ai besoin d’empathie à ce moment là ; Et une façon de demander de l’empathie dans le monde habituel, c’est de porter un jugement.

Ce qui va donc, encore plus, nous éloigner de la communion. C’est pour ça qu’après Marshall Rosenberg dit que c’est tragique… C’est tragique, on va faire juste le truc, qui nous éloigne de ce qu’on voudrait…

Alors c’est du job... »

isabelle padovani