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Bernard de Montréal; Carlos Castaneda; Cours en Miracles; Eric Baret, Darpan... Auteurs divers...

Le Yoga tantrique du Cachemire, E. Baret, Chapitre VI à X, extraits, 4ème partie.

Publié le 12 Mai 2019 in Eric Baret

 

 

 

Chapitre VI

 

 

(p123)

 

« Dans quelles parties du corps se localisent le plus les défenses ?

 

 

Chaque être humain a une ou plusieurs zones où l’affectivité se loge plus spécifiquement. Le front, la mâchoire, le ventre, le dos, les épaules, la gorge, etc.

 

La région ainsi restreinte dans sa liberté a commencé par être tendue accidentellement, puis occasionnellement, puis régulièrement jusqu’au moment où cette localisation est devenue constante.

 

Ces restrictions sont la conséquence de notre habitude et de nos tics à vouloir « réussir notre vie » de manière personnelle.

 

Nous sommes constamment en train de choisir, de vouloir intervenir.

 

Souvent, la tension qui semble être fondamentale masque en fait la contraction d’une autre région plus profondément tendue.

 

Quand la première région ressentie lâchera vraiment, l’attention sera spontanément amenée à percevoir ce qui était jusqu’alors camouflé. Il se peut même que cette seconde région ne soit elle-même qu’une compensation du nœud fondamental. Dans ce cas-là, seul le lâcher-prise de cette seconde région vous amènera à faire face au véritable centre de refus.

 

Il est intéressant d’assister à ces déplacements d’une tension. Vous ne pouvez pas volontairement trouver la localisation-racine. Seule une absence de toute concentration, de toute préconception, de tout vouloir guider, permet cette observation pure, sans entraver les mouvements sensoriels.

 

En réalité, il est faux de parler d’une tension constante. La tension n’est là que lorsqu’elle est pensée, alimentée par un état égoïque. »

 

 

 

 

Chapitre VII

 

 

 

« A t-on le choix de pratiquer le pranayama, tout comme manger du poisson ? S’obliger à le faire a-t-il un sens ?

 

Se livrer au pranayama ou passer sa vie à gagner de l’argent, c’est déjà joué pour vous. Inutile donc d’en faire un problème. Vous ne pouvez que constater la vie phénoménale. Votre capital et son expression dans l’environnement n’est pas entre vos mains, constatez-le. À ce moment-là, vous commencez à respirer. (…)

 

Cela montre le caractère illusoire des notions, ancrées dans les sociétés actuelles, de liberté individuelle ou de responsabilité, expressions d’ailleurs sans équivalent dans la langue sanskrite. La seule liberté est celle du Seigneur. Ce qui est conditionné par l’espace-temps n’a aucune autonomie par rapport à son environnement. »

 

 

 

« À quoi cela correspond-il alors de donner des indications de faire telle ou telle chose ?

 

Lorsqu’on suggère à quelqu’un telle ou telle activité, cela allait s’accomplir de toute manière. On le pressent, on va dans ce sens-là. La tendance à se livrer au pranayama ou manger du poisson précédait la formulation. Ce qui est dit n’influe nullement sur ce qui va arriver. »

 

 

(p147)

 

« Que conseillez-vous comme travail le matin ?

 

Dans votre attention, la corporalité se réveille doucement. Ne faites rien. Restez au lit. Au bout d’un certain temps, la globalité du corps vous apparaît, puis sa radiation et sa chaleur. Quand la totalité de la corporalité s’est imposée, asseyez-vous sur votre tapis et continuez à baigner dans le parfum du sommeil profond qui imprègne le corps à son réveil.

 

La méditation est naturelle, non orientée. C’est la continuation du silence de la nuit. Personne ne médite. » (…)

 

 

(p155)

 

« Que voulez-vous dire par être orienté ?

 

 

Quand, par la constante interrogation non formulée de la vie, une certaine purification se fait, le pressentiment du motif profond de l’existence devient tangible.

 

Cette quête et la découverte dans l’instant de la perception et de ses ramifications dans notre organisme, amène un certain nombre de modifications dans notre regard sur nous-même et sur le monde.

 

La conviction que la joie ne se trouve ni dans une situation, ni dans une image, mais se manifeste dans toute notre structure. On devient orienté. On ne cherche plus ce qui approche, on ne rejette plus ce qui éloigne. Libre de tout jugement, selon notre disponibilité et nos antécédents, les aspects de la vie seront éclairés par un nouveau regard.

 

(…) »

 

 

 

 

Chapitre VIII

 

 

(p163)

 

« Pourriez-vous définir ce qu’est l’approche tantrique ?

 

L’approche tantrique, c’est l’actualisation dans la vie phénoménale du pressentiment de ce qui est non phénoménal. C’est un pressentiment profond qui peut s’actualiser dans toutes les expressions, qu’elles soient corporelles ou mentales. Ce pressentiment authentique influence la manière de respirer, de dormir, la manière dont vous rentrez dans l’état de veille. Il influence aussi votre manière d’entrer et de sortir du sommeil profond. Il éclaire l’espace entre deux pensées, entre deux perceptions, la manière dont vous vous alimentez, votre façon de vivre. (...) »

 

 

(p165)

 

«  Est-ce que le désir sexuel est une tension ?

 

Souvent, oui. Beaucoup d’hommes peuvent éprouver un désir sexuel et passer cinq minutes avec une prostituée et après ils sont plus détendus. Ce peut être justifié mais ce n’est pas de cela dont parle le tantra. À un moment donné, il y a une certaine maturation qui se fait. Cette orientation éclaire les différentes expressions de la vie y compris les rapports entre homme et femme. Corporellement, il y a une élaboration mais cette expression est inspirée de l’intérieur. Il ne s’agit pas ici d’une technique ou d’exercices préconisant telle ou telle pose. Les techniques, les exercices ne peuvent mener au ressenti, pure expression d’une sensibilité libérée des limitations. Tant qu’il y a désir ou besoin, je dirais qu’on ne peut pas aller très loin. »

 

(…)

 

 

« En Occident, on pense, quand on sent quelque chose, que l’on va du grossier au subtil mais que tout révèle du cerveau.

 

Oui, bien sûr, mais les corps subtils sont dans le cerveau. Ils ne peuvent pas être ailleurs. Ce qui est perçu passe par le cerveau. Mais généralement on se sert de cinq à dix pour cent des facultés du cerveau. (…)

 

Véritablement, la perception est défense. Profondément, il y a unité : le sujet qui perçoit et l’objet perçu sont une seule et même chose. C’est notre cerveau, quand la mémoire intervient, qui éloigne le sujet percevant et l’objet perçu. Dans la perception il y a unité. Toutes les perceptions pointent vers cette unité. (…)

 

C’est une grille, mais plus profondément, il y a uniquement énergie. C’est notre structure conditionnée qui nous fait interpréter. La couleur, cela n’existe pas. C’est notre œil qui voit la couleur. Si vous mettez un aigle devant ce micro, si vous mettez une fourmi devant ce micro, si vous mettez un ange devant ce micro, ces trois sens de perception vont voir des choses tout à fait différentes et personne ne verra du noir. (…) La perception s’exprime uniquement à travers une grille sensorielle. Et derrière toutes ces perceptions, derrière la couleur, derrière la forme, derrière l’odeur, derrière le goût, il y a la vibration qui est non duelle.

 

C’est la peur qui nous fait, dans un second mouvement provenant de la mémoire, séparer le connaisseur du connu. (...) »

 

 

(p167)

 

« (…) On ne met pas l’accent sur la situation, sur ce qui est perçu, mais constamment sur cet espace dans lesquels des situations arrivent. (...) »

 

 

(p170)

 

« Pour revenir à la réflexion sur la voyance, est-ce que vous croyez que la voyance a une fonction dans notre société ?

 

Ce que vous devez voir, vous le voyez. Quand vous ne voyez pas, vous ne devez pas voir. »

 

 

(p176)

 

« Pourrait-on essayer de définir l’arrière-plan, tel que vous l’employez dans vos textes ?

 

Non, on ne peut pas le définir.

 

 

Voulez-vous alors commenter ou préciser cette expression ?

 

C’est la seule chose que vous ne pouvez pas oublier et que vous ne pouvez pas penser non plus. Tout ce que vous pouvez oublier, ce n’est pas l’arrière-plan. Il y a quelque chose en vous que vous ne pouvez jamais oublier.

 

 

Cela ne peut jamais être pensé ?

 

Non. La pensée peut surgir de là. Un poète a une pensée qui surgit de l’arrière-plan, un musicien aussi.

 

 

Est-ce que c’est plus loin que l’inconscient collectif ?

 

Dans le soufisme, on dit que c’est plus près de vous que la veine jugulaire. C’est le cœur. Et les regards n’y ont pas accès. La pensée n’y a pas accès, la perception n’y a pas accès. Quand vous vous rendez compte que ce que vous cherchez constamment ne peut se trouver dans les nombreuses activités, ni dans votre pensée, ni dans vos perceptions, ni dans tout ce que vous pouvez saisir, cela crée un certain choc. C’est cela qui est important. (...) »

 

 

(p178)

 

« En pédagogie, on dit qu’un bon maître, c’est celui qui est capable de transmettre l’élan qui le porte.

 

Non, l’élan doit être là avant. C’est l’élan qui vous fait faire la rencontre. »

 

 

 

 

 

Chapitre IX

 

 

(p185)

 

« (…) dans les textes on appelle cela une voie directe ?

 

C’est une façon de parler. Cela veut uniquement dire qu’on ne met pas l’accent sur l’élément phénoménal. Les activités pointent vers la conscience. »

 

 

(p187)

 

« Pourriez-vous développer cette phrase, je vous cite : « Dans l’attention dépersonnalisée, les traces schématiques du cerveau ne sont plus fréquentées et par leur nature propre, s’effacent. »

 

Le corps, c’est une fonction. On dit en Inde que si vous ne parlez pas pendant douze ans, vous ne parlerez jamais plus. Parler est une fonction. L’organe est créé par la fonction. Quand vous n’utilisez plus certains tics, les tics s’effacent, petit à petit. (…) (…) La vision est instantanée, mais son actualisation corporelle prend un certain temps. Vous ne vous sentez plus noué. Le nœud est là mais vous n’êtes plus partie prenante du nœud.

 

 

Le nœud existe toujours ?

 

Le nœud existe toujours, mais vous n’y êtes plus lié. Votre corps est encore habité par certaines défenses, mais ce n’est plus un problème, ce qui permet au problème de s’éliminer complètement. (…) »

 

 

(p195)

 

« Quand je vous ai posé la question sur le féminisme, vous avez dit qu’il ne faut pas insister sur les différences ou quelque chose comme cela. J’aimerais pourtant vous entendre parler du féminisme et des relations homme-femme.

 

Être une femme, c’est une fonction qui apparaît, à certains moments, quand c’est nécessaire. Parfois vous êtes une mère, une fille, une sœur, une amante, une amie. Il y a un certain nombre de possibilités. Quand vous vous réveillez le matin, vous ne dites pas « je suis une femme ». Quand vous mangez votre soupe, vous n’êtes pas une femme ; vous mangez de la soupe. Quand vous regardez un nuage, vous n’êtes que regard ; quand vous écoutez un concert, vous n’êtes qu’écoute. Mais il y a des moments très précis où votre caractéristique d’amante, de femme, de mère, de sœur, de fille intervient. C’est tout à fait justifié. Mais vouloir se fixer dans ces caractéristiques, c’est une limitation. (...) »

 

 

 

 

Chapitre X

 

 

(p211)

 

« Ne doit-on pas compter le temps de la méditation ? On dit deux fois vingt minutes chaque jour ?

 

Cela n’a aucun sens, la méditation n’est pas une activité.

 

 

Dans le livre Dialogues avec l’Ange, il est dit qu’il ne faut pas essayer de supprimer l’égo mais plutôt tenter de l’élever. Que pensez-vous de cette formulation ?

 

Il y a des choses merveilleuses dans ce livre, mais tous les éléments formulés ne sont pas du même niveau. Il y a des formulations directes auxquelles on peut se référer. Un grand livre est celui que l’on oublie quand on l’a terminé. Il laisse seulement le pressentiment. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Source livre : éditions le relié poche.

 

 

 

 

 

 

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