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Bernard de Montréal; Carlos Castaneda; Cours en Miracles; Eric Baret, Darpan... Auteurs divers...

Le nagual et le tonal

Publié le 14 Janvier 2019 in extraits et témoignages, Castaneda

Bonjour , 

 

Je vais donc débuter en expliquant ce qu’est le « nagual » et ce qu’est le « tonal » en partageant des extraits du livre de C. Castaneda « Histoires de pouvoir » (livre de poche).

 

 

Je  continuerais à résumer un peu ce qui est arrivé ces derniers mois à l’aide de mes « cahiers d’enquête » ; j’ai débuté ceux-ci en mars 2018 grâce aux lectures inspirantes sur le réseau Léo d’autres enquêteurs;

 

 

Ces cahiers m’ont permis de vivre des expériences bien plus « profondes » qu’à l’ordinaire ; en effet, le fait de noter chaque jour des détails (expériences perso ; extraits de textes, films qui me « parlent » sur l’instant, etc...) et les coïncidences de la journée, pour ensuite les partager sur la toile a amplifié mes prises de conscience et m’a fait vivre des expériences dans le « nagual ».

 

 

 

 

 

 

Chapitre : Le jour du tonal

 

 

 

(p175)

 

« C’est mon banc préféré, dit-il, en caressant les planches.

Il me fit un clin d’œil et ajouta, avec un sourire narquois :

- Il m’aime bien. C’est pourquoi il n’y avait personne d’assis. Il savait que j’allais venir.

- Le banc le savait-il ?

- Non, pas le banc. Mon nagual.

- Le nagual a-t-il une conscience ? Est-il conscient des choses ?

- Bien sûr. Il est conscient de tout. Voilà pourquoi ton récit m’intéresse. Ce que tu appelles des défaillances et des sentiments n’est autre que le nagual. Pour pouvoir en parler, nous devons emprunter des concepts à l’île du tonal. Il est donc préférable de ne pas l’expliquer, mais de raconter simplement ses effets.

Je voulais rajouter quelque chose au sujet de ces sentiments particuliers, mais il me fit taire.

- (...) Aujourd’hui ce n’est pas le jour du nagual, mais celui du tonal, dit-il. Je me suis mis en costume parce que aujourd’hui, je suis tout tonal.

(…)

 

 

 

- C’est difficile, je le sais, poursuivit-il. Mais si l’on considère que c’est ce qui ferme le tout, que c’est le dernier échelon de ton apprentissage, il n’est pas exagéré de dire que cette matière contient tout ce dont je t’ai parlé depuis le premier jour de notre rencontre.

(…)

 

 

 

- Est-ce que le nagual et le tonal se trouvent à l’intérieur de nous-mêmes ?

(…) - Voilà une question très difficile, dit-il. Toi tu dirais qu’il se trouve à l’intérieur de nous-mêmes. Moi je dirais que non, mais tous les deux nous aurions tort. Le tonal de ton temps t’invite à affirmer que tout ce qui se rapporte à tes sentiments et à tes pensées a lieu à l’intérieur de toi-même. Le tonal de mon temps dit le contraire ; il affirme que tout est extérieur. Lequel des deux a raison ? Ni l’un ni l’autre. Que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur, ça n’a aucune importance.

 

 

 

Je soulevais une question en lui disant que, lorsqu’il se référait au tonal et au nagual, on avait l’impression qu’il y avait encore une troisième partie. Il avait dit que le tonal nous « forçait » à agir. Je lui demandai de me dire ce qui était « forcé » d’après lui.

 

 

 

Il ne me répondit pas directement.

 

 

 

- Il n’est pas simple d’expliquer tout cela, dit-il. Le tonal a beau exercer un contrôle très habile, ce qui importe c’est que le nagual émerge. Cependant, sa manifestation passe toujours inaperçue. Le grand art du tonal est de supprimer toute apparition du nagual, à tel point que, même si celle-ci est la chose la plus naturelle du monde, on ne la remarque pas.

 

 

- Qui est-ce qui ne la remarque pas ? (…)

 

 

 

- Le tonal, dit-il. Je ne parle que de lui, exclusivement. Je peux contourner le problème, mais cela ne doit ni te surprendre ni te déranger. Je t’ai déjà prévenu de la difficulté de comprendre ce que je dois te raconter. Je tiens ces propos désordonnés parce que mon tonal est conscient qu’il parle de lui-même. En d’autres termes, mon tonal se sert de lui-même afin de comprendre le message que je veux transmettre à ton tonal. Disons que le tonal, puisqu’il se rend parfaitement compte de la difficulté qu’implique le fait de parler de lui, a créé les termes de « moi », « moi-même » et tous ceux du même ordre, en guise de compensation, et c’est grâce à ces termes que nous pouvons parler soit à d’autres tonals, soit à notre propre tonal ou au sujet de lui. 

 

 

 

« Maintenant, lorsque je te dis que le tonal nous force à faire quelque chose, je ne fais aucune allusion à une troisième partie. Il est évident qu’il se force lui-même à suivre ses propres opinions.

 

 

« Toutefois en certaines occasions, ou dans des circonstances spéciales, quelque chose dans le tonal même prend conscience qu’il y a en nous une partie qui lui échappe. C’est comme une voix venant des profondeurs, la voix du nagual. Tu vois, la totalité de nous-mêmes est une condition naturelle que le tonal ne peut pas effacer complètement, et il y a des moments, surtout dans la vie d’un guerrier, où cette totalité se manifeste. C’est dans ces circonstances-là que nous pouvons nous interroger sur nous et évaluer ce que nous sommes.

 

 

 

« J’étais préoccupé par ces chocs que tu avais ressentis, car c’est la façon dont le nagual émerge. C’est à ces moments-là que le tonal prend conscience de la totalité de l’être. Cela se manifeste toujours par un choc, car cette prise de conscience rompt le calme dans lequel nous sommes installés.

 

 

 

(…)

 

 

 

« - La totalité de nous-mêmes est quelque chose d’insaisissable, dit-il. Nous n’en avons besoin que d’une petite partie, pour exécuter nos tâches vitales, même les plus complexes. Pourtant quand nous mourons, nous mourons avec la totalité de nous-mêmes. Un sorcier pose donc la question suivante : « S’il nous faut mourir avec la totalité de nous-mêmes, pourquoi ne pas vivre alors avec elle ? »

 

 

 

 

(p187)

 

« Le nagual n’est ni expérience, ni intuition, ni conscience. Ces termes et tout ce que tu pourrais t’efforcer de dire ne sont que des éléments de l’île du tonal. D’autre part, le nagual n’est qu’action. Le tonal commence à la naissance et s’achève à la mort, mais le nagual ne finit jamais. Le nagual n’a pas de limites. J’ai dit que le pouvoir planait dans le nagual. Ce n’était qu’une façon d’y faire référence. En vertu de son action, il est probable que le nagual puisse être mieux compris en termes de pouvoir.(...) »

 

 

 

(p188)

 

«  - On peut dire que le nagual rend compte de la créativité ; (…) le nagual est la seule partie de nous qui peut créer. 

(…) Il avait dit que le tonal ne créait rien, mais qu’il observait et évaluait. »(…)

 

 

 

« - Une des actions du guerrier consiste à ne jamais se laisser impressionner par quoi que ce soit, dit-il. C’est ainsi que le guerrier même s’il voit le démon en personne, ne laissera rien transparaître devant quiconque. Le guerrier doit avoir une maîtrise de soi impeccable. »

 

 

 

(p191)

 

«  - Qu’est-ce que c’est que le « véritable tonal » ? demandai-je.

-Un tonal qui est simplement correct, équilibré et harmonieux.(...) »

(…)

 

 

 

« Aujourd’hui nous devons nous consacrer au tonal. Il y a, pour parler grossièrement, deux côtés dans chaque tonal. L’un constitue la partie extérieure, la bordure, la surface de l’île. C’est la partie liée à l’action et au fait d’agir : c’est le côté fort. L’autre partie correspond à la décision et au jugement : c’est le tonal intérieur, plus doux, plus délicat et plus complexe.

« Le « tonal véritable » est celui où les deux parties sont en harmonie et en équilibre parfaits. » 

 

 

 

 

chapitre : le rétrécissement du tonal

 

 

 

(p204)

 

« (…) L’acte de voir doit être direct, car un guerrier ne peut pas perdre son temps à démêler ce qu’il est en train de voir. Voir veut vraiment dire voir, c’est à dire se frayer un chemin à travers l’absurdité. »

 

 

 

(p207)

 

« (…) Un guerrier n’abandonne jamais l’île du tonal. Il l’utilise.

 

(…)

 

Voilà ton monde. Tu ne peux pas renoncer à lui. Ça ne sert à rien de se mettre en colère et de se sentir déçu de soi. Ça ne prouve qu’une chose : que ton tonal est engagé dans un combat interne ; livrer un combat à l’intérieur de son propre tonal est une des épreuves les plus saugrenues que je puisse imaginer. La vie dure d’un guerrier est destiné à mettre fin à ce combat. Dès le début je t’ai appris à éviter la détérioration.(...) »

 

« Au début, il faut parler au tonal. Le tonal doit renoncer au contrôle. Mais il faudrait le lui faire faire de bon gré. Par exemple, ton tonal a renoncé à certains contrôles sans grand combat, parce qu’il a compris que, s’il restait tel quel, la totalité de toi-même serait morte à l’heure actuelle. Autrement dit, le tonal est forcé de se débarrasser de choses inutiles, telles que la suffisance et le laisser-aller, qui ne font que le plonger dans l’ennui. Le problème c’est que le tonal s’accroche à ces choses-là , alors qu’il devrait se réjouir de se débarrasser de ces conneries. Il s’agit donc de convaincre le tonal d’être libre et fluide. C’est un tonal libre et fort qui est avant tout nécessaire (…). Plus le tonal est fort, plus il se dégage de ce qui l’entrave et se rétrécit facilement.(...) »

 

 

 

(p211)

 

« - Mais est-ce qu’ils m’ont vu disparaître dans l’air ?

- Le nagual se charge de cela, je ne sais pas comment. Tout ce que je peux te dire, c’est que nous sommes fluides, des êtres lumineux faits de fibres. C’est le tonal qui affirme que nous sommes solides. Lorsque le tonal se rétrécit, les choses les plus extraordinaires deviennent possibles. Mais elles ne sont extraordinaires que pour le tonal. »

 

 

(p213)

 

«  Il faut convaincre ton tonal avec des raisonnements et ton nagual avec des actions, jusqu’à ce que l’un soutienne l’autre. Comme je te l’ai dit, c’est le tonal qui gouverne et néanmoins il est très vulnérable. D’autre part le nagual ne s’exprime presque jamais directement mais, quand il le fait, il terrifie le tonal.(...) (…) Le tonal doit être protégé à tous prix. Il faut lui arracher la suprématie, mais il doit rester en tant que surveillant protégé.(…) (…) ...le nagual ne peut émerger que lorsque le tonal est renforcé. (…) Ce soutien s’appelle pouvoir personnel. »

(...) »

 

 

 

 

Chapitre : Dans le temps du « nagual »

 

 

 

(p216)

 

« Crois moi, on ne peut pas le savoir, dit-il sèchement . Sur ces questions, nous sommes toi et moi sur un pied d’égalité. Maintenant j’ai sur toi l’avantage de savoir comment parvenir au nagual, ce que tu ne sais pas. Mais dès que tu y seras parvenu, je n’aurais pas plus d’avantage ni de connaissance que toi. »

 

 

 

« Je t’ai dit que le nagual est aux ordres du guerrier. »

 

 

 

(p229)

 

« (…) le nagual ne peut être qu’observé. »

 

 

 

(p231)

 

« Il faut nettoyer et entretenir l’île du tonal. Il n’y a pas d’autre alternative pour le guerrier. Une île rangée n’offre pas de résistance ; c’est comme si elle était vide. »

 

 

 

(p235)

 

« (…) En règle générale, le tonal doit se défendre à tout prix, dès qu’il est menacé ; donc les relations du tonal en vue d’organiser sa défense ne sont pas vraiment importantes. La seule question qui importe c’est que le tonal d’un guerrier doit s’ouvrir à d’autres possibilités.(...) C’est en fonction de cela que le tonal peut se rétrécir. Du même coup et en vertu du même principe, le tonal apprend à s’arrêter à temps pour ne pas disparaître.

(…)

- Le nagual peut accomplir des actes extraordinaires, dit-il. Des choses qui sont impossibles, impensables pour le tonal. Mais le plus extraordinaire est que l’exécutant ignore comment ces choses-là se produisent. (…) .

Le secret du sorcier, c’est qu’il sait comment parvenir au nagual, mais une fois qu’il y est arrivé, il n’a pas plus d’intuition que toi au sujet de ce qui se passe. »

 

 

 

 

(p237)

 

« (…) il dit que l’un des objectifs de l’entraînement du guerrier était de le libérer de l’étonnement du tonal, jusqu’à lui faire acquérir une fluidité telle, qu’il pût admettre tout sans l’admettre vraiment. »

 

 

 

 

 

chapitre : le chuchotement du nagual

 

 

 

 

(p243)

 

«(…) Aie confiance dans le nagual. Le nagual va te prendre.

(…) - Change tes sentiments. (...) » 

 

 

 

 

 

(p248)

 

« (…) un guerrier suit ce que lui dicte le pouvoir.

Tu t’en souviendras le moment voulu. »

 

 

 

(p252)

 

« (…) Je remarquai que je mettrais probablement des années à classer tout ce qui m’était arrivé ce jour-là. Je savais que j’avais été dépassé par des perceptions, que je ne pourrais jamais espéré comprendre.

- Si tu ne peux pas comprendre, c’est que tu es en pleine forme, dit-il. C’est quand tu comprends que tu es dans le pétrin. Je parle, bien sûr, en tant que sorcier. Du point de vue de l’homme moyen, si tu ne peux pas comprendre, tu coules. En ce qui te concerne, je crois qu’un homme moyen penserait que tu es dissocié, ou que tu commences à l’être.

(…)

 

- (…) Nous pouvons parler du nagual tant que tu voudras , pourvu que tu n’essaies pas de l’expliquer. (…) je t’ai dit que le nagual pouvait seulement être observé. Donc nous pouvons parler de ce dont nous avons été témoins et de la façon dont cela s’est fait. (…) »

 

 

 

« Tu sais très bien que les mots ne nous servent à comprendre qu’à l’intérieur de certaines limites et que ces limites n’englobent pas le nagual. »

 

 

« Nous traduisons toute manifestation inconnue du nagual en des termes qui nous sont familiers. »

 

 

 

(p255)

 

« - Pour être un tonal moyen, on doit avoir une unité. On doit appartenir entièrement à l’île du tonal. Sans cette unité, on peut devenir fou ; cependant un sorcier doit briser cette unité, sans se mettre pour autant en danger. Le but du sorcier est de survivre ; il ne prend donc pas de risques inutiles. C’est pourquoi il passera des années à balayer son île jusqu’au moment où il pourra – mais ce n’est qu’une façon de parler- se glisser hors d’elle. (...) »

 

 

 

 

chapitre: Les ailes de la perception

 

 

 

(p280)

 

« C’était comme si d’avoir travaillé sur mes notes m’avait libéré du passé et préparé pour l’ici et maintenant du monde(...) »

 

 

 

 

 

 

(p286)

 

« (…) la raison pour laquelle on ne peut pas, c’est parce qu’il n’y a que deux types de choix : les bons et les mauvais. Si tu fais un mauvais choix, dit-il, ton corps, ou celui de n’importe qui, le sait ; mais si ton choix est bon, le corps le sait aussi et se décontracte, oubliant immédiatement qu’il y avait un choix. »

 

 

 

Chapitre : La stratégie d'un guerrier

 

 

 

(p304)

 

« C’était de mon devoir de t’aider dans chaque question concernant ton tonal et tout ce que j’ai fait avec toi ou à ton égard a eu pour but de mener à terme une tâche unique, la tâche de nettoyer et de réaménager ton île du tonal.(...) 

(…) - Je me réfère à ce changement total, dont je t’ai parlé dès le premier jour de notre rencontre, dit-il. Je t’ai dit un nombre infini de fois qu’il te fallait un changement extrêmement drastique, si tu voulais réussir dans ta quête de la connaissance. Il ne s’agit pas d’un changement d’humeur, d’attitude ou d’apparence ; ce changement implique la transformation de l’île du tonal. (...) »

 

 

 

 

(p305)

 

« (…) A mon avis, il n’y a jamais de carrefour dernier, ni de dernière étape avant quoi que ce soit. Puisqu’il n’y a pas de dernier pas, il ne devrait plus y avoir de secret concernant une quelconque partie de nous, en tant qu’êtres lumineux. C’est le pouvoir personnel qui détermine celui qui peut ou ne peut pas profiter d’une révélation ; mes expériences avec mes semblables m’ont prouvé qu’il n’y en a que très, très peu qui consentiraient à écouter ; et parmi ces rares qui écouteraient, il y en aurait encore moins qui voudraient agir sur ce qu’ils auraient écouté ; et parmi ceux qui sont disposés à agir, il y en a encore moins qui ont assez de pouvoir personnel pour tirer profit de leurs actes.(...) »

 

 

 

(…)(…)

 

 

 

 

(p311)

 

« - Le fait de marcher de cette façon spécifique sature le tonal, dit-il. Il en est débordé. Tu vois, le tonal doit faire attention à ses créations. En fait, c’est cette attention qui crée l’ordre du monde en premier lieu ; par conséquent, le tonal doit veiller sur tous les éléments de son monde, afin de le conserver, et surtout il doit préserver cette représentation du monde, en tant que dialogue intérieur.

 

 

Il dit que la façon correcte de marcher était un subterfuge. Le guerrier, en crispant tout d’abord ses doigts, se concentrait sur les bras ; puis, en regardant sans mettre au point son regard, vers n’importe quel point devant lui, dans un rayon compris entre la pointe de ses pieds et l’horizon, il saturait littéralement son tonal d’information. Le tonal, coupé de sa relation directe et personnelle avec les éléments de sa description, était capable de se parler à lui-même et il était donc voué au silence.

 

 

 

Don Juan expliqua que la position des doigts étaient sans importance et que la seule considération était d’attirer l’attention sur les bras, en crispant les doigts de diverses façons inhabituelles ; l’important était la manière dont les yeux, qui ne fixaient sur rien en particulier, détectaient un très grand nombre d’éléments du monde, sans s’en faire une idée nette. Il ajouta que les yeux, dans cet état, pouvaient capter des détails qui échappaient à la vision normale. »

 

 

(…)

 

 

 

(p315)

 

« Il me regarda de côté et, d’un geste du bras, parcourut tout ce qui nous entourait.

- Le secret de tout cela est l’attention qu’on lui porte, dit-il.

- Que voulez-vous dire par là, don Juan ?

- Tout ceci n’existe que parce que nous y faisons attention. Par exemple ce rocher, sur lequel nous sommes assis, est un rocher parce que nous avons été « contraints » à lui accorder notre attention en tant que rocher.

(...) 

 

 

 

 

- Effacer l’histoire personnelle et rêver ne devraient être qu’une aide, dit-il. Un apprenti a besoin de modération et de force, pour se refréner. C’est pourquoi un maître introduit la notion du comportement de guerrier, ou de la vie de guerrier. (…) »

 

 

 

 

(p316)

 

«  Il expliqua qu’afin d’aider à effacer l’histoire personnelle, on apprenait trois autres techniques. Celles-ci étaient : perdre la suffisance, assumer les responsabilités et prendre la mort pour conseillère. L’idée était que, sans l’effet bénéfique de ces trois techniques, l’apprenti s’exerçant à effacer son histoire personnelle risquerait de devenir sournois, évasif et inutilement hésitant à son égard et à celui de ses actions.

Don Juan me demanda de lui raconter quelle avait été la réaction la plus naturelle que j’avais eu dans les moments d’angoisse, de frustration et de déception, avant de devenir un apprenti. Il dit que dans son cas, il avait réagi par la colère. Je lui dis que pour ma part, je m’étais apitoyé sur mon état.

- Bien que tu n’en sois pas conscient, tu as dû te creuser la tête pour rendre naturel ce sentiment, dit-il. A présent tu ne peux plus te rappeler l’immense effort qu’il t’a fallu pour faire de cette compassion un élément de ton île. (...)

Mais pour le guerrier, la mort est une conseillère plus raisonnable (...)

Évidemment, à l’issue d’un combat immense, tu as appris à t’apitoyer sur ton sort. (…) En tant que conseillère, la compassion ne vaut rien en comparaison de la mort.

Puis don Juan signala qu’il y avait apparemment une contradiction dans la notion de changement ; d’une part, le monde des sorciers exigeait une transformation drastique ; d’autre part, , l’explication des sorciers disait que l’île du tonal était achevée et qu’on ne pouvait pas lui enlever un seul élément. Le changement ne signifiait donc pas oblitérer des éléments, mais plutôt altérer l’usage qu’on leur avait assigné. (...) »

 

 

 

(p318)

 

« (…) Ta compassion de toi-même est encore un élément de ton île ; mais elle y demeurera à l’arrière plan, de même de l’idée de l’imminence de ta mort, ton humilité ou ta responsabilité vis-à-vis de tes actes étaient là, sans que tu t’en fusses jamais servi. »

Don Juan dit qu’une fois que ces techniques avaient été présentées, l’apprenti arrivait à un carrefour. Selon sa sensibilité, l’apprenti adoptait l’une ou l’autre de ces attitudes : ou bien il suivait à la lettre les recommandations et les suggestions que son maître lui avait faites et agissait sans attendre de récompense, ou bien il prenait tout à la blague, en le considérant comme une aberration. »

 

 

 

(p322)

 

« (…) Je voulais dire, qu’on ne peut parvenir à la totalité de soi-même que lorsqu’on comprend définitivement que le monde n’est qu’une représentation, que ce soit celle de l’homme ordinaire ou celle du sorcier. »

 

 

 

« (…) Après toute une vie de combat, j’ai appris que ce qui compte n’est pas d’acquérir une description nouvelle, mais de parvenir à la totalité de soi-même. On devrait parvenir au nagual sans dire du mal du tonal et surtout sans nuire à son corps. »

(…)

 

 

 

(p332)

 

« La chose réfléchie est notre représentation du monde, dit-il. Cette représentation est une description, qu’on nous a faites dès notre naissance. C’est ainsi que toute notre attention a été captée par elle, et nous sommes devenus description ; la description, à son tour, est devenue représentation. »

 


 

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